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Matthieu POUX - L'âge du vin. Rites de boisson, festins et libations en Gaule indépendante,(préf. A. Tchernia) 2004, 644 p., 290 ill. (ISBN: 2-907303-86-4)
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L'âge du vin.
Matthieu POUX - L'âge du vin. Rites de boisson, festins et libations en Gaule indépendante,(préf. A. Tchernia) 2004, 644 p., 290 ill. (ISBN: 2-907303-86-4)
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Le vin importé d’Italie constitue le «pain quotidien» des archéologues plongés dans l’étude de la Gaule des IIe et Ier siècles avant notre ère. Des centaines de milliers d’amphores y témoignent d’un phénomène commercial sans précédent : un véritable «âge du vin», plus emblématique de cette période que la technologie du fer.
Fruit d’une analyse couvrant l’ensemble du domaine gaulois occidental, cet ouvrage se penche sur les origines et les vecteurs culturels de ce commerce, la valeur sociologique du vin, l’identité de ses destinataires, ses modalités de consommation et sa perception par les sociétés indigènes. Il met l’accent sur l’existence, évoquée dans les textes, de pratiques collectives et rituelles faisant appel aux boissons alcoolisées, sur leur valorisation par les élites indigènes et sur leur utilisation dans les festins et les cérémonies religieuses rythmant la vie publique.
La mise en évidence de ces pratiques s’appuie sur une nouvelle méthode d’analyse des amphores qui porte sur la composition et la distribution spatiale des dépôts, leur mode de formation et les manipulations rituelles dont ils ont pu être l’objet (destructions volontaires, tris, recuissons, réutilisations), ainsi que sur leur association avec certains marqueurs à forte connotation sociologique ou symbolique (armement, vaisselle métallique, restes humains, dépôts animaux et autres objets relevant de la sphère cultuelle ou funéraire). Cette approche méthodologique est illustrée par une quarantaine d’études de cas et un catalogue exhaustif de plus de 300 sites. Elle est complétée par l’approche ethnographique et littéraire, à travers un recueil de 70 textes originaux relatifs à la consommation du vin en Gaule et ses marges.
Ses conclusions bousculent nombre d’idées reçues concernant le commerce du vin et sa réception par les sociétés gauloises. Celle d’une «démocratisation» progressive de sa consommation au fil du temps est battue en brèche par l’étude statistique des sépultures, qui prouvent qu’il demeure l’apanage des classes dirigeantes jusqu’à la Conquête romaine. Il apparaît également que sa diffusion n’est pas liée à celle du symposium gréco-romain, dont les accessoires n’apparaissent qu’à une date très tardive, bien postérieure à l’arrivée des premières amphores vinaires. Les assemblages retrouvés dans les tombes et sur les sanctuaires renvoient à une tradition festive beaucoup plus archaïque, délaissée depuis longtemps dans le monde méditerranéen. Le conservatisme propre au banquet celtique donne l’image d’un produit importé indépendamment des usages et de l’idéologie qui l’entourent dans sa culture d’origine.
Sur les sanctuaires, le vin et la vaisselle liée à son service sont valorisés par des rituels calqués sur ceux infligés aux autres offrandes, comme les armes, les parures ou les êtres vivants. Par les mutilations qu’elle subit, les rites de crémation, de sélection minutieuse des parties et d’enfouissement, sous forme de dépôts organisés, l’amphore se mue en véritable objet de consécration, au travers d’une symbolique assimilant, par métonymie, le contenant à son contenu, le produit aux effets qu’il engendre. Ces pratiques s’inscrivent dans un cadre spécifique : vastes lieux de culte, enclos, bâtiments, puits et fosses à offrandes, dédiés à la consommation collective du vin et aux rituels qu’elle mettait en œuvre. Leur mise en évidence invite à élargir les critères d’identification des lieux de culte et de l’espace public en Gaule préromaine.
Rites guerriers et cultes agraires, divination et intoxication sacrée, cérémonies funéraires et généreuses distributions de vin sous l’égide des classes dirigeantes : l’étude des banquets et des libations nous plonge au cœur du mode de fonctionnement des sociétés gauloises, dans toute leur diversité culturelle et économique. Elle éclaire sous un jour nouveau leur évolution et les rapports qu’elles entretenaient avec leurs voisins, du sixième au premier siècle avant notre ère.